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June_Stephen
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Chapitre 32

PDV William

Maman, qu'est-ce qu'elle fait avec cet inconnu, dans la chambre ? Les bruits qu'elle fait ressemblent à ceux qu'elle fait avec papa, certaines nuits. Je glisse ma tête dans l'angle de la porte et regarde la scène. Pourquoi est-ce qu'elle pleure ? Je cours en direction du lit.

Maman !

Dégage, gamin.

J'attrape l'homme par sa veste noire, mais je n'ai pas assez de forces. Je décide de l'agripper par son gros bras poilu et remarque sa montre dorée. Elle me rappelle les beaux bijoux que portent les gens qui frappent papa. Ils ont aussi les mêmes dessins dans la peau. 

Je le griffe et arrache la montre de son poignet. Elle tombe et rebondit sur le plancher. L'homme tourne la tête et me fixe avec deux yeux plissés. Il est très énervé. Ses lèvres et son menton son rouges. Je déglutis, mais reste bien ancré sur mes deux pieds. Moi aussi, je suis énervé !

― Vous faites peur à ma mère !

Sa main s'abat sur ma joue et me projette au sol.

Il est pas censé être super intelligent, ton môme ?

Il est encore petit ! Comment voulez-vous qu'il comprenne ces choses-là ?

Il a rien à foutre là. Tu le vires ou c'est Nate qui s'en occupe.

Il n'avait pas école, aujourd'hui, et je ne m'attendais pas à votre visite ! Will, va attendre dans ta chambre, dit-elle en couvrant sa poitrine avec le drap. Tout va bien pour maman.

Le drap aussi est rouge. Je me redresse avec les mains, inquiet.

― Tu pleures, maman, tu ne vas pas bien...

Elle me sourit, mais c'est un sourire bizarre.

Les adultes pleurent pour plein de raison. Tu peux sortir, c'est promis.

Putain, ça me casse les couilles.

L'homme sort du lit et m'attrape par le col.

Ta connasse de mère travaille ! Si tu dégages pas dans les trois secondes, c'est toi qui va la remplacer !

Non !

Le hurlement de maman me fait frissonner. Travailler ? Je veux bien faire le travail de maman pour ne pas la voir pleurer. Papa lui fait assez mal comme ça. Peut-être qu'elle serait heureuse et me ferait des câlins si je prenais soin d'elle ? Je repousse l'homme.

Moi, je peux travailler pour elle.

Non, Will ! Va-t'en !

Il éclate de rire et se penche sur mon visage.

C'est bien ce que j'disais à ta mère, t'as un gros potentiel.

Il ne sait pas ce qu'il dit !

Elle l'attrape à l'épaule pour l'écarter, mais son regard brillant reste figé sur moi.

Tu sais qu'il pourrait tout rembourser d'un coup, ton p'tit gars...

Non ! On avait un accord !

Maman tremble, des larmes lui montent aux yeux. Elle désigne la porte du doigt et me hurle dessus :

― Will, sors de là tout de suite ! Tu es puni !

Son ton me fait sursauter. Ce n'est pas elle qui crie, d'habitude, mais papa. Je recule et l'inconnu me libère. Ma gorge devient sèche. Qu'est-ce que j'ai fait de mal, maman... ? Pardon, je voulais t'aider, mais tu pleures encore plus par ma faute...

― Je reviendrai te voir dans quelques années, gamin.

Cette phrase me fait peur sans savoir pourquoi. Maman le tire avec force sur le lit et s'installe sur ses cuisses, puis quelqu'un d'autre me sort de la chambre et me claque la porte au nez. Je lève les yeux sur le second inconnu et découvre le pistolet qu'il tient dans sa main. Il le braque sur moi, à quelques centimètres de mon nez.

― Tire-toi, le mioche, ou je t'en colle une entre les deux yeux.

Je cours m'enfermer dans ma chambre verrouille la porte et me réfugie derrière mon lit. Je récupère mon livre de Sherlock Holmes sur le chevet et tends la main vers Léo, mon lion en peluche, pour les prendre contre moi. Les larmes montent, mais je secoue la tête. Non, je dois devenir plus fort. Plus intelligent. « Les hommes comme moi n'ont pas le droit d'être faibles », me répète grand-père.

Je me balance de droite à gauche, le nez dans la fourrure de Léo. Je suis sûr qu'un jour, des choses horribles vont se passer. Je peux le voir sur leurs visages à tous. Leurs bouches disent certaines choses, mais leurs yeux et leurs gestes disent autre chose. Même dans l'air, il y a de la peur.

Je regarde Léo et le gratte sous le cou. Il est mon seul jouet depuis le berceau, m'a dit maman. Mon seul ami. Mes lèvres tremblent et ma poitrine devient lourde. « Les hommes comme moi... » Les enfants ne peuvent pas battre les adultes. Non, ils ne peuvent pas...

Je caresse Léo. Mon cœur fait mal comme s'il pleurait. Je pense que c'est là que vont mes larmes à moi, parce qu'elles n'ont pas le droit de couler. J'embrasse mon lion sur le bout du nez et murmure à sa petite oreille poilue :

― Je t'aimerai toujours, Léo.

Je l'enlace très fort, me lève avec lui et pars jusqu'à la corbeille de mon bureau. Après un dernier regard dans ses billes noires, je le jette à la poubelle. La gorge nouée, je retourne m'assoir par terre et reprends mon livre.

― Monsieur Holmes, c'est vous qui allez devoir m'aider, maintenant.

Je le serre contre moi et quelques larmes que je n'arrive pas à contrôler s'écrasent sur la couverture. Les dernières. Je le promets.
 

Je rouvre les yeux. Mes cils sont humides. Un profond chagrin est ancré en moi et ma gorge est nouée. Ai-je... pleuré dans mon sommeil ? Cela ne m'était plus arrivé depuis une éternité. Ce rêve, pourquoi mon inconscient me l'a-t-il envoyé maintenant ?

― William ?

Je sursaute, sur la défensive. Matthew... Ah, tout me revient en mémoire. Je me frotte les yeux prends une longue inspiration. Il se redresse au-dessus de moi et me contemple avec un air soucieux.

― Pourquoi est-ce que je me suis évanoui ?

― Les humains appellent ça le « nirvana ». Un puissant orgasme avec la morsure et la salive d'un vampire spécial pour eux.

Cet état porte bien son nom. Je n'ose pas imaginer le plaisir lorsqu'il me pénètrera avec son sexe en me mordant au cou. D'ailleurs, à ce sujet...

― Qu'est-ce que tu as fait, quand j'ai perdu connaissance ?

― Ce que j'ai fait ?

Je m'en veux de douter de lui, mais ma méfiance envers la gent masculine est exacerbée.

― J'ai léché ta morsure, je t'ai essuyé et je t'ai bordé. Qu'est-ce que tu croyais ? demande-il, perplexe.

― Hmm. Rien du tout. Excuse-moi, je ne suis pas en grande forme.

― Tu guéris bien, pourtant.

― Je ne parle pas de mon corps.

Il me dévisage tandis que je prends un moment pour chasser le profond mal-être que mon rêve m'a imposé. Sa bouche s'entrouvre. Je lève une main pour l'empêcher de prononcer un mot.

― Ne dis rien.

― Dis-moi au moins que ce n'était pas à cause de...

― Ce n'est pas à cause de toi. J'ai beaucoup aimé, je ne regrette rien.

Il marque une pause, sourcils froncés.

― Tu sais, tout ce que je t'ai fait dans la douche, ce n'était pas pour jouer. C'était pour m'assurer que ce serait OK pour toi quand tu serais dans un état second. Je ne voulais rien faire qui puisse te blesser.

Il s'assurait donc de mon consentement ? Malgré le chagrin qui pèse sur ma poitrine, cet aveu me réchauffe le cœur. Je plonge dans son regard perçant, toujours braqué sur moi comme si j'étais tout son monde, et nous nous perdons l'un dans l'autre, hors du temps. Avec le rêve, des sentiments sont revenus. Les sentiments précieux d'une innocence arrachée, jetés au fond d'une poubelle. Je ne parviens peut-être pas à m'exprimer, mais j'ai retrouvé l'origine de leur perte. Et cela change tout. J'effleure le visage de Matthew du revers d'un pouce.

― Mon vampire...

Son visage s'illumine. Il se redresse avec des yeux pétillants.

― Ton ? A toi ? Ça veut dire que...

― Matthew.

― Oui ? Quoi ?

― Tais-toi.

Je l'attire à moi pour l'embrasser avec tendresse et nous nous enlaçons sous la couette dans une étreinte réconfortante. Puis dans de brûlantes et interminables caresses où nous nous abreuvons d'affection, nus l'un contre l'autre. Mon cœur est toujours lourd, mais entre ses bras, je sens mon esprit s'éclairer pour la première fois.

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