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June_Stephen
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Chapitre 39.2

La porte s'ouvre en grand.

― Sylas, quelle bonne surprise, s'exclame quelqu'un au masque de tigre.

Plusieurs vampires masqués entrent dans la pièce, alcoolisés pour certains, à en voir leur démarche incertaine Ma malice retombe. Ils sont moins une dizaine. Sylas n'a pas l'air heureux de les voir et se positionne même sur la défensive. Cela n'annonce rien de bon pour moi s'il est l'unique vampire à ne pas vouloir me mordre.

― T'as rien à foutre là, Etienne, lance-t-il en croisant les bras.

― C'est toi qu'a rien à foutre là, Syl'. Qu'est-ce que t'as magouillé pour avoir le curé pour toi tout seul avant nous, hein ? T'as sucé l'acheteur ?

― Je ne suis pas un prostitué !

― Bien sûr que si. Un prostitué gratuit, en plus de ça.

Plusieurs vampires s'esclaffent. Ledit Etienne s'enracine devant Sylas et le fixe, un sourire cynique en coin, tandis que les autres partent vider la bouteille de vin. L'un d'entre eux, très calme, garde un œil sur moi ; il porte un masque de corbeau.

― J'ai un accord avec l'acheteur, cet humain est à moi pour le moment, vous pouvez pas y toucher, rétorque Sylas, contrarié.

― C'est con, nous aussi on a un accord avec lui. Et notre temps avec le curé vient de commencer. Donc soit on le consomme ensemble, soit tu dégages de là.

A en croire la surprise de Sylas, Campbell a accepté dans son dos plusieurs offres en même temps pour récolter plus d'argent. Rien d'étonnant de sa part. Au moins, j'ai la réponse sur l'identité de mes futurs assassins.

― J'veux pas de lui, moi, grimace Sylas avec une moue rebutée.

Si j'avais su que la jalousie d'un vampire m'aurait un jour épargné ses canines...

― Sérieux, tu veux pas tester l'Oniria sur lui ? Sois pas con, son sang est excellent.

Etienne me détaille de la tête aux pieds avant de s'attarder sur mon visage.

― Bordel de nom de Dieu. J'en ai vu des prêtres, mais j'en avais jamais vu un comme ça. Il est encore plus beau de près.

― La ferme ! enrage Sylas. Ce gars n'a rien de plus que moi !

Etienne se met à rire avant de lui caresser le menton.

― Joli cœur, cet humain est mille fois plus précieux que toi.

― C'est faux !

― Carrément qu'il est mieux, confirme un masque de chien. J'suis sûr qu'il est vierge en plus. Un jeune prêtre vierge... miam, miam.

― Ha ! Absolument pas, conteste Sylas en croisant les bras, fier de me salir. Il a couché plusieurs fois avec un vampire, c'est un traître à sa foi. Si moi j'suis une pute, lui c'est une pure salope !

Je ferme les yeux dans une longue inspiration, consterné. Merci, Sylas. On ne pouvait pas mieux s'y prendre pour m'enterrer plus vite.

― Sans déconner ? Eh ben, on dirait pas comme ça, petit prêtre... se réjouit Etienne.

― Grand frère, j'le veux, ajoute le masque de chien sur un ton assoiffé.

― Celui-là, c'est pas une pute. Il mérite d'être dégusté lentement et proprement.

― Mais...

― Tu prendras les restes quand je te le permettrai.

Etienne repose les yeux sur moi. Il s'approche de mon visage et glisse son nez sur ma joue. Bien que je m'efforce de rester impassible en apparence, la tension monte au centre de mon corps.

― Tout ça m'intéresse, mon père. Tu étais curieux de savoir ce que ça faisait d'être mordu et ça t'a tellement plu que ça a fini en partie de sexe ? Raconte-moi...

Je garde le silence sans jamais le regarder. Sylas, pour sa part, ne me lâche pas des yeux. Il est très anxieux, et à raison. Si je ne suis pas sauvé à temps et que Matthew le trouve dans la même pièce que mon cadavre, je ne donne pas cher de sa peau. Ce sera le prix à payer pour avoir voulu se pavaner devant moi au lieu de fuir. 

Je respire avec lenteur pour contrôler mes émotions, mais aussi près de moi, le vampire perçoit sans mal mon angoisse. Son after-shave poivré me pique les narines.

― Parle-moi, mon père, et je serai doux avec toi.

« Je serai doux avec toi ». Un vertige me fait basculer huit ans en arrière. L'homme que j'exècre plus que tout au monde prend la place de ce vampire. Un frisson me traverse de la tête aux pieds, je suis en apnée. Ma mère me regarde, horrifiée. Ce jour-là, elle refusera d'agir. Car le soir-même, elle quittera la maison avant de perdre la vie. Son enfer l'a rongée jusqu'à me haïr, moi, cet enfant qu'elle n'avait pas désiré. Il l'a rongé au point de mettre fin au cauchemar que je lui ai imposé durant tant d'années. 

Ma mâchoire se serre, mes poings tremblent dans mon dos et mes paupières se ferment. Je dois me maîtriser, je dois me maîtriser... !

― Fous le camp, Etienne !

La voix affolée de Sylas. Lui aussi, il sent ma peur, et elle est bien loin de l'amuser. Je tente de rester aux commandes de mon corps, mais avec ces canines près de ma peau, tous ces vampires qui me dévorent des yeux et mon passé qui ressurgit, le contrôle m'échappe.

― Allons, si tu couches avec un vampire, t'as l'habitude d'être mordu. Pourquoi tu trembles autant ?

Ses mains se posent sur mes bras et il m'embrasse sur la joue dans un chemin de petits baisers. Son souffle est de plus en plus rauque et rapide, à l'instar de mon cœur, qui cogne dans ma poitrine à un rythme insensé. Je le sens défaire ma cravate pour dégager mon cou.

― C'était ce vampire avec qui tu dansais, tout à l'heure ? C'est lui que tu te tapes ?

Matthew, mon tendre Matthew... Je rêve de tes bras et de ton odeur. Je n'ai jamais rien désiré de plus fort que toi, en cet instant. Ma poitrine se comprime. Je sais à quel point je te ferai souffrir si je meurs ce soir. J'imagine les larmes que tu verserais en étreignant mon oreiller, ton atroce culpabilité et la douleur qui te briserait en mille morceaux. Je ne peux pas te laisser vivre ce cauchemar. Pour toi, je me l'interdis. Alors que la bouche du vampire glisse dans cou, je m'écarte brusquement et lui assène un violent coup de tête, qui le laisse sonné quelques secondes.

― Sylas !

Ce dernier réagit dans la seconde. Il court avec moi vers la porte en bousculant les vampires alcoolisés en chemin, mais le masque de corbeau nous barre la route.

― Tire-toi ! aboie Sylas.

― Je te le rachète la somme que tu veux. Un million, même, si tu le demandes.

Mon unique allié se fige.

― U-un million... ?

― Sérieusement, Sylas ! le houspillé-je pour le réveiller.

Il me regarde et déglutis.

― Ma vie vaut plus que tous les millions, désolé, fait-il au corbeau.

Au moment où il pose la main sur la poignée, elle tourne dans le vide. La porte est verrouillée... Sylas s'acharne et cogne dessus, sans succès. Mes espoirs se disloquent.

― Détache-moi !

Avant même qu'il n'ait le temps de m'effleurer le bras, je suis tiré en arrière et projeté au sol. Je roule sur le dos et Etienne apparaît au-dessus de moi, la veine temporale enflée et le front rougi par mon coup.

― Espèce de fils de pute.

Peut-on considérer une vérité comme une insulte ? Il attrape les pans de mon costume pour me soulever et me balance sur le canapé.

― Riley ?

― Oui ? Oui ? s'exclame le masque de chien.

― Il est tout à toi.

Les yeux de Riley pétillent. Son sourire carnassier me fait frémir. Il se jette sur moi, surexcité.

― Tu vas être si bon, si bon ! gémit-il.

Je le fixe, effrayé. On dirait un animal fou.

― Pourquoi c'est lui qui passe en premier ? proteste un autre. Il va le salir et le déchirer !

Ces mots me glacent le sang. Seigneur, faites qu'ils ne parlent pas de l'option la plus malsaine...

― Il va juste le boire un peu, tout le monde aura sa part. On est OK, Richard ?

Etienne s'adresse au corbeau, qui hoche la tête sereinement. Par pitié, Adam, dépêche-toi !

― Je suis en couple avec un vampire ! m'écrié-je en ultime recours. Un vampire très possessif. S'il vous voit avec moi...

Désolé de t'utiliser, mon cher Matthew.

― Eh, quoi ? Qu'est-ce qu'il fera ton vampire ? se moque Etienne.

Sylas baisse la tête. Il est aussi pâle qu'un linge ; c'est presque s'il pourrait en vomir.

― Qui est-il, ce vampire ? demande le Richard, le corbeau, en s'approchant de moi.

Si donner le nom de Matthew n'était pas sans risque pour lui, Sylas l'aurait déjà fait. Quoique, puis-je vraiment me fier à cet égoïste ? Dans le doute...

― Quelqu'un de dangereux, affirmé-je.

Etienne rit de ma réponse, son jeune frère y voit une approbation. Et au contraire de son aîné, ce dernier ne fait preuve d'aucune prévenance. Il arrache les boutons de ma chemise et tire sur ma cravate avec l'impatience d'un garçon sans expérience, manquant presque de briser la chaîne de ma croix, puis se jette sur ma bouche. Ce chien fou est-il réellement en train de m'embrasser ?! Je lui envoie mon genou dans les parties et roule sur le côté pour le faire tomber au sol avant de lui asséner un violent coup de pied dans le flanc. Etienne intervient dans la seconde avec deux autres vampires et ils me plaquent au sol.

― Tu vas le regretter, père William, siffle Etienne. Ralph ! Amène l'Oniria !

Mon regard s'exorbite. Non, pas ça ! Je me débats, mais le dénommé Ralph arrive vite avec la fiole en forme de sablier et Etienne me pince le nez pour m'obliger à ouvrir la bouche devant le flacon, en appui contre mes lèvres. Je réussis à rester en apnée un moment, mais avec le stress et l'agitation, je ne parviens pas à résister bien longtemps. Ils finissent par me faire avaler le liquide de force, manquant presque de m'étouffer. Je les gratifie au passage de crachats violets au visage. Seigneur, je vous en conjure, faites que ce produit ne fonctionne pas sur moi !

A mon grand dam, le tonus dans mon corps s'évanouit rapidement et une chaleur étrange – proche d'une fièvre que je connais bien – commence à bouillonner dans mes veines. Ma peau se met à démanger. Après seulement trente secondes, une seule pensée m'obsède : me sentir troué par des canines acérées. L'envie d'être perforé devient viscérale. Aveuglante. Je serre les dents et me raidis, le front perlant de sueur. Une morsure. Une morsure. Mon regard s'allonge au fond de la pièce et croise celui de Sylas, en train de se disputer à l'entrée pour qu'on lui ouvre la porte. Ce lâche.

Ma conscience commence à dériver et mon esprit devient cotonneux. Je secoue la tête. Non, je ne dois pas perdre ma lucidité... ! Les mains de Riley glissent sur mon ventre et remontent jusqu'à ma poitrine. Il caresse mes mamelons, de chaque côté de ma croix. Mon rythme cardiaque s'accélère, tout comme ma respiration, mais je me fais violence pour ne pas leur offrir le moindre bruit ou réaction de satisfaction. L'effort me coûte au point de transpirer à grosses gouttes.

― Même avec l'Oniria, il résiste encore, il est difficile, remarque Ralph.

― Pas pour longtemps. Les dents, Riley.

Un immense sourire aux lèvres, le chien fou se lèche les canines.

― Là où je veux...

Il pique ses canines dans ma poitrine et les enfonce dans mon pectoral juste assez pour m'écorcher au sang autour des tétons. Un courant électrique de plaisir remplace vite la souffrance et chemine à travers ma colonne vertébrale. Mon Dieu, retiens-toi, William, retiens-toi ! Mais mon corps se dissocie lentement de ma volonté. Mes yeux se referment de moitié et ma bouche s'entrouvre pour laisser échapper un souffle brûlant. L'Oniria m'arrache le contrôle. Les mains de Riley se faufilent partout sur moi et font grandir les flammes dans mon ventre. C'est lorsqu'il déboutonne mon pantalon que l'angoisse revient au galop et balaye le désir, le temps de quelques secondes. Il le baisse juste en-dessous de mon sexe, par-dessus mon caleçon blanc. La tête à hauteur de mon entrejambe, il me fixe, les pupilles dilatées à l'extrême, et plante ses dents au-dessus de mon pubis, en plein dans l'artère iliaque. Je pousse un gémissement délecté qui finit en hurlement sur un élan de lucidité. Sylas vient de quitter la pièce en courant. Riley me boit, les mains glissant sur mon caleçon. Lorsqu'il relève le nez, les lèvres léchées, les autres salivent. J'halète bruyamment, essoufflé.

― Alors ? Comment c'est de boire un homme de Dieu ? demande Etienne, exalté par l'idée.

― Tu sais, y'a d'autres effets qui se produisent dans le corps de l'humain avec l'Oniria, informe Ralph. C'est un vasodilatateur...

Cette pensée m'effraie, à l'inverse des vampires. Dans un état second d'excitation, Riley défait sa braguette et libère une érection proéminente. Je détourne le regard, horrifié, puis il tire violemment sur mes vêtements. Un sursaut de terreur fait déferler l'adrénaline dans mes veines. Je pousse un cri de désespoir. Ma veste ainsi que ma chemise déchirée sont baissées sur mes épaules pour exposer mon cou à leurs canines. Les larmes me montent aux joues.

― William !

Je me fige. Je tourne la tête vers l'entrée et découvre Matthew, planté sur le seuil de la porte ouverte, Sylas à bout de bras. Il est là, il est vraiment là... ! Merci, Adam, merci... Tout le monde se braque sur lui, à l'exception de Riley. Toujours dans sa transe, il se place entre mes cuisses dans le plus grand des calmes. Matthew jette Sylas à terre et se dirige vers nous d'un pas rapide. Il attrape le chien fou par les cheveux et le balance contre le mur avec une grande brutalité. Riley retombe au sol, inanimé.

― D'où tu touches à mon frère, enfoiré !

Etienne a à peine le temps de se lever. Matthew l'empoigne à la gorge et le plaque au sol.

― Oh là, doucement, l'ami, lance Richard pour tenter d'apaiser la situation.

Je ferme les yeux dans un long soupir et lutte contre mes tremblements, la gorge nouée par les larmes. La pression redescend légèrement. Je roule sur le côté avec le peu de vigueur qu'il me reste pour me redresser, mais les effets de l'Oniria me rendent trop faible et je parviens tout juste à me recroqueviller afin de contenir les frissons de ce désir mortel. Mon corps enfiévré n'aspire plus qu'à être vidé de son sang. Le corbeau fait face à Matthew, les autres sont sur la défensive.

― Tu connais le prénom du curé, serais-tu ce fameux vampire dont il nous parlait ? dit-il en tentant de l'amadouer.

Matthew me jette une œillade de biais. Il sait que, si j'en suis venu à parler de lui, c'est parce que je n'avais plus aucun espoir. Ses phalanges blanchissent tant ses ongles se plantent dans ses paumes. Nul besoin d'être un vampire pour sentir la haine émaner de son corps. Il se retourne et se dirige vers la porte. Une réaction que je ne comprends pas, de prime abord, avant qu'il ne la referme et ne brise la poignée d'un geste sec.

― Ha, ha ! J'en déduis que oui, c'est bien toi.

Matthew retire son masque pour le jeter au sol et fait volte-face pour marcher vers lui. Son regard n'a jamais été si noir.

― Attends... Nightingall ? Nightingall, c'est bien toi ?

Certains échangent quelques murmures. Après la stupeur, le corbeau sourit, presque ravi de retrouver un ancien ami. Il retire à son tour son masque et Matthew s'arrête devant lui.

― Richard Wallace, tu te souviens de moi ? Les pillages de Cracovie, la guerre de York contre les chrétiens ! Ah, c'était une sacrée époque quand on s'est connus, toi et moi.

Mon compagnon n'ouvre toujours pas la bouche, ses yeux restent ancrés sur lui.

― Tu venais de passer capitaine et t'étais en couple avec ce maréchal, là... Nathanaël. Ahh, je me souviens, un type incroyable.

Son sourire retombe avec les souvenirs. De terribles souvenirs, à en croire la gravité de son expression.

― Lyssa, articule Ralph, à voix basse. C'est Lyssa...

Un silence pesant s'abat. Richard déglutit.

― Ecoute, on l'a pas tué le curé, je l'ai même pas touché, moi. C'est cet cinglé de Riley et Etienne qui lui ont fait du mal.

― Fils de pute ! aboie Etienne. C'est toi qui as payé la plus grosse somme à l'acheteur !

― Mais je ne l'allais pas le violer, toi et ton frère, si. Vous l'avez déjà tripoté et Riley l'a mordu.

― T'allais le boire comme tout le monde !

― Espèce de...

― Richard.

Ce dernier tourne la tête et Matthew lui plante une lame sous le menton. Richard suffoque, empalé sur la pointe. L'arme coulisse dans son crâne jusqu'à ne plus laisser paraître que le manche. Matthew la retire brusquement et le laisse s'effondrer à ses pieds dans un gargouillis avant de succomber, contorsionné dans un spasme. Plus personne ne bouge d'un centimètre. Entre ses doigts dégoulinants de sang, Matthew tient un étrange et épais poignard à double tranchant.

Après de longues secondes sous le choc, les autres finissent par céder à la panique et se bousculent pour reculer loin de lui. Je ne savais pas que la réputation de Matthew avait tant d'impact chez les vampires...

― Le pugio, balbutie Ralph en désignant l'arme. C'est le poignard avec lequel il a massacré tous les prêtres, à Rome.

Pardon ?

― Ouais. Le Collectionneur de croix, en Italie, le Vengeur, lors de la grande bataille de Liverpool... cite Etienne en se relevant. Tellement de titres, Lyssa. Mon préféré est le Démon des chapelles, après le massacre de Berlin. On est tous tes admirateurs, tu vois.

Je dévisage Matthew, abasourdi. Il m'a avoué avoir tué beaucoup de monde et répondu à ses pulsions vengeresses, mais jamais il n'avait parlé d'exterminer les prêtres... C'était donc de cela qu'il vivait, en Italie, avant de revenir à Londres ? Ces titres, ce prénom associé à la rage... Seigneur. 

Je comprends désormais les raisons de son intérêt soudain pour Saint Edward. Il était venu nous éliminer, père Thomas et moi, après avoir joué avec moi. Face à un tueur tel que lui, je n'aurais eu aucune chance. Un frisson me parcourt. Et s'il se retournait un jour contre moi ? Mon ventre se noue. Etienne s'approche de lui avec prudence.

― Tu fais partie des légendes, Nightingall. T'as égorgé plus de ces enfoirés de curés que n'importe qui, dit-il en me désignant. Pourquoi en vouloir un à tout prix, maintenant ? OK, celui-là est très beau, mais...

Matthew plisse les yeux sur lui.

― OK, OK, il t'appartient, on aurait pas dû le...

Le poignard dans le ventre d'Etienne. Ce dernier reste suffoqué tandis que Matthew lui souffle à l'oreille :

― Ne meurs pas tout de suite.

Il le laisse retomber au sol dans un râle de souffrance, puis se dirige vers Riley, tout juste réveillé.

― Non ! Laisse-le, hurle Etienne d'une voix suppliante, c'est ma faute, c'est moi qui l'ai fait venir !

Riley recule comme un chiot apeuré contre le mur, tremblant de tous ses membres, et implore la clémence. Un mot que Lyssa ne connaît pas. La lame épaisse se plante dans la jugulaire droite de Riley et creuse dans son cou jusqu'à le transpercer. La pointe ressort à gauche et fait gicler le sang de l'autre côté. Le jeune vampire finit par s'écrouler au sol dans une série de soubresauts, noyé en quelques secondes. 

Etienne pousse un cri, entre rage et désespoir. Les autres tentent de défoncer la porte à coups de pied pour s'enfuir, mais la fureur qui les traque ne leur laisse aucune chance de survie. Seul Sylas, connaissant bien la suite des évènements, s'est évaporé avant que l'issue ne soit condamnée. Matthew s'avance vers eux, le regard chargé d'une noirceur indescriptible, et ils tombent un par un sous sa dague vengeresse. 

Egorgés, poignardés de part en part et éviscérés dans un concert de bruits inhumains. Le sang se répand sur le sol, gicle sur les murs et le canapé, les boyaux s'échappent hors des corps dans une mare rougeâtre immonde. L'horreur de leurs morts reflète la folie meurtrière de Lyssa, dont l'expression reste sombre et implacable. Ce n'est plus la même personne.

Le dernier gémissement d'agonie marque le retour du silence. Ce calme qui plane après une boucherie. Immobile au milieu des cadavres, Matthew finit par se tourner vers moi. Un courant glacé me traverse.

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