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June_Stephen
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Chapitre 29

PDV William

Minuit est passé. Toutes les lumières sont éteintes dans la zone pavillonnaire. Seule la maison que je vise est encore éclairée. 

Ma capuche sur les yeux et mon cache col remonté sur le nez, je saute la haie pour atterrir dans la pénombre du jardin et me faufile jusqu'à la maison de Stevenson. Aussi furtif qu'une ombre, je m'y infiltre en passant par une fenêtre non verrouillée. Les tueurs les plus confiants sont toujours les plus accessibles.

Ma cible parle fort dans la cuisine, au téléphone. C'est un vampire trapu et nerveux dans ses gestes. Je patiente derrière la porte, le temps que son appel se termine, et en profite pour analyser les lieux ; l'intérieur classique d'une petite maison typique des années quatre-vingt-dix. Il raccroche dans un juron et se dirige à pas ferme vers le salon en triturant sa barbe rousse. 

Je saisis l'occasion pour l'attraper par derrière et lui injecte une drogue pour le sédater quelques minutes – agrémenté d'un petit sérum de ma composition pour faciliter l'interrogatoire... Une fois écroulé sur le sol, je prends mon temps pour l'attacher sur une chaise, pieds et poings liés par des serre-câbles, puis lui balance un verre d'eau froide pour le réveiller. Il prend une grande inspiration et bafouille, entre panique et semi-conscience.

― Q-quoi ? Qu'est-ce qu'il y a... !

― Voilà ce qui va se passer : tu vas me dire qui est à la tête de ton réseau et quand aura lieu la prochaine vente au Lorens.

Il m'examine de la tête aux pieds, interdit.

― T'es le Stratège ? s'étrangle-t-il. Putain, pourquoi il a fallu que ça tombe sur moi ! C'est à cause du curé de Cricklewood ? Je leur avais dit que ça attirerait l'attention !

― L'attention ? Explique-toi.

― Grâce à toi, votre sang de prêtres rapporte à nouveau très gros. Les prix ont quadruplé, ces derniers mois.

Donc, Jon ne sera pas la dernière victime. Pire encore, d'autres prêtres ont sans doute été attaqués en Angleterre et personne n'a fait le lien.

― Qui donne les ordres ?

― Ha, ha ! T'as cru que j'allais te donner les types du Lorens ? J'suis pas suicidaire. C'est bien fait pour ta gueule. C'est toi qui as provoqué c'qui arrive à tes potes.

Le réseau est donc lié au Lorens et alimente sans doute leurs petites sauteries. Je dois découvrir qui gère ce marché noir et m'en occuper au plus vite.

― La prochaine vente a lieu demain. Comment peut-on y entrer ?

Il s'esclaffe.

― T'as cru que c'était un magasin ?

Il n'a pas nié la date, nos renseignements sont donc exacts.

― Ce n'est pas grave, ajouté-je. Nos experts n'ont qu'à retracer tes échanges téléphoniques et pirater tes comptes. Cela prendra juste un peu plus de temps.

Je fais mine d'en avoir fini avec lui et me détourne.

― Tu les crois cons au point de laisser des traces informatiques ? Ils donnent que des entrées papier, et seulement aux gens qui les fournissent ou de la fois précédente pour la fois suivante aux clients fidèles. T'as zéro chance d'y entrer, mon gars, ricane-t-il comme s'il était ivre.

Je m'éloigne de quelques pas.

― 01, t'as entendu ? murmuré-je dans mon oreillette.

― C'est clair comme de l'eau de roche, se ravit Adam. On ratissera son appart' dès qu'il sera parti.

Je m'approche à nouveau de Stevenson. J'ai bon espoir qu'il m'offre des informations sur les organisateurs sans même besoin de le malmener.

― Donne-moi quelque chose sur le grand patron.

Il secoue la tête en grognant.

― Montre-moi ton visage et je parlerai, Stratège.

Il crache au sol, devant moi. Un peu de résistance. Finalement, peut-être va-t-il falloir le secouer légèrement. Je sors mon fidèle couteau à double tranchant et le glisse sous sa barbe.

― Allez, je suis sûr que tu peux faire un effort. Si tu me donnes quelque chose, je te laisserai tranquille.

― Ce que tu me feras toi, ce sera qu'une petite caresse comparé à eux. Jamais je...

La vitre se brise. Une balle transperce son crâne sous mon nez dans une giclée de sang et sa tête retombe mollement. Je recule de plusieurs pas et fixe la fenêtre éclatée pour tenter d'apercevoir une silhouette, mais rien.

― 01, Stevenson a été éliminé, je vais devoir...

Un fil s'enroule autour de ma gorge et l'enserre. Ma respiration se coupe. Je reste en apnée, maintenu contre un buste. Ils sont donc au moins deux. Si je ne m'échappe pas, je ne ressortirai pas d'ici en vie. 

Je me débats, mais l'individu a beaucoup de force. Mes secondes sont comptées. Je lui assène des coups de coude dans les côtes et des coups de talons dans les tibias. En vain. Mon cache col aidant à ne pas me blesser, je réussis à glisser mon poignard dans un minuscule espace entre mon cou et le fil, près de ses mains, et tranche le fil.

A peine libéré, je me retourne et balaye l'air avec ma lame. Il presse une main sur sa poitrine, qui en ressort rougie. La haine luit dans ses pupilles. Au prix de mon sang, j'ai bon espoir qu'il ne me tue pas d'une balle dans la tête. Encore essoufflé, j'esquive de peu sa nouvelle attaque. La fenêtre. Je me précipite vers celle où j'ai pu entrer et l'enjambe. Malheureusement, ma cheville ne me soutient pas à la réception. 

Je perds l'équilibre et m'étale dans l'herbe. Je n'ai pas le temps de me relever, le vampire est déjà sur mon dos et plante ses canines dans mon épaule. L'angoisse monte. Je remercie le tissu épais de mon manteau d'avoir absorbé la morsure.

Mais mon assaillant ne s'arrête pas là. Alors que je le repousse et me relève pour courir, il tire avec force sur mon vêtement et cible la partie fragilisée par ses dents. Un second vampire en profite pour se jeter sur moi et me maintient plaqué ventre au sol. Ses canines se plantent dans la même épaule et, cette fois, elles perforent ma peau. Je serre les dents et me crispe de tous mes membres. A la violence de leurs morsures, je comprends qu'ils m'attaquent comme des chiens pour me déchiqueter. L'enfer se matérialise. 

Mon cœur s'emballe, l'adrénaline pulse dans mes veines. Leurs dents acérées se rapprochent dangereusement de mon cou. S'ils atteignent ma carotide... Une sueur froide me traverse. Je parviens à glisser une main dans mon manteau et en extirpe un pistolet que je braque dans mon dos, sous mon aisselle. Un premier coup, détonne. Le second fait s'effondrer l'un des vampires sur moi.

― Sale fils de pute ! hurle l'autre.

Lorsqu'il me retourne sur le dos, je lui tire trois balles en pleine poitrine. Il s'écroule dans l'herbe tout près de moi. Je roule sur le côté et baisse un instant mon cache-col à moitié déchiré pour reprendre mon souffle. Tout va bien. Inspire, expire... Tremblant comme une feuille, je me fais violence pour me relever, malgré la douleur insupportable au trapèze, et me mets à courir sans écouter mon corps en souffrance. Scotland Yard ne va pas tarder à débarquer. Des chiens aboient, quelques lumières commencent déjà à s'allumer.

Une fois assez éloigné du quartier, je tapote sur mon oreillette.

― Will ! Bordel, t'es là ?

La froideur du sang sur mon épaule et mon cou me fait frissonner. Je dois me soigner rapidement.

― Toujours là, murmuré-je, mâchoire crispée.

― Putain, tu nous as foutu une de ces trouilles !

― Tu vas devoir me supporter encore longtemps, j'en ai bien peur.

Adam rit, soulagé.

― Rien de grave ?

Je déglutis et réponds le plus normalement possible.

― Quelques points à l'épaule. Rien dont je ne puisse pas m'occuper seul.

― Will, je sais que t'as l'habitude, mais t'es pas seul. Tu pourrais me laisser...

― Assure-toi que mon infrarouge fonctionne bien pour me cacher des caméras, mon cache-cou est abimé. Je dois me dépêcher, je t'appelle dans quelques heures. Trouvez le ticket dans l'appartement, mais attendez que la voie soit libre. Si Scotland Yard est déjà sur place quand vous arrivez, demandez à notre agent de le chercher pour vous.

― D'accord, mais Will...

― Terminé.

Je déconnecte en tapant deux fois sur l'oreillette et disparais dans la nuit.

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