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June_Stephen
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Chapitre 50

PDV Matthew

Je me retrouve face à un cul-béni mal en point. Son nez saigne abondamment. Je savais bien que j'avais entendu du bruit. Il fait un pas en arrière, sur ses gardes.

― Qui êtes-vous ?

Mon regard s'allonge sur William, dos à moi. Tout au bout de l'allée, il est accroupi devant un corps inerte. Je retire mes lunettes fumées pour les ranger dans mon caban.

― C'est qui ce gus ? demandé-je à mon cher et tendre.

― Votre œil... V-vous êtes le Collectionneur de croix ?!

Je m'avance vers lui et me penche en avant.

― Vous en avez une à m'offrir ?

Le prêtre sort un pistolet de son manteau et le braque sur moi.

― Vous êtes le Diable ! Au nom du Christ, je vous ordonne de partir !

De vieux souvenirs de chasse refont surface. Il commence à me faire saliver. Je m'approche de lui tout me léchant les dents. Mes canines s'allongent.

― William, il me faut une réponse... chantonné-je, impatient.

― Laisse-le partir, répond-il d'une voix lointaine, depuis l'autel. Ne lui fais pas de mal.

Je lâche un soupir frustré et fait dégager le prêtre d'un mouvement de tête. Malgré sa façade de bravoure, le lâche finit par prendre ses jambes à son cou. Lorsque je referme les portes derrière moi, une silhouette avec une couleur rouge familière m'interpelle dehors. Je devrais peut-être...

― Je t'avais dit de rester chez toi aujourd'hui, Matthew, me lance William.

Je lève les yeux au ciel et referme pour aller le rejoindre. Plus je m'avance vers lui, plus le corps au sol se dessine. La tension grandit. C'est pas vrai, c'est Père Thomas ! Je finis par courir et me jette à ses pieds.

― Qu'est-ce qu'il s'est passé ? fais-je en tâtant son pouls. Il est...

Mort. Je lève un regard horrifié sur William, immobile dans son long manteau noir paroissial, dos à moi.

― L'évêque, l'Ordre, articule-t-il d'une voix monocorde. Père Thomas n'était plus censé être là... tout comme toi. Pourquoi... pourquoi es-tu venu...

Ses mains tremblent légèrement. Je m'approche de lui, mais il s'écarte.

― Matthew, je t'en prie, vas-t'en tout de suite.

― Après que l'Ordre soit venu t'attaquer et ait tué Thomas ?

― Ce n'est pas encore ton moment.

― Will, je ne suis pas un de tes collègues !

― Par pitié, Matthew, je ne veux pas me disputer avec toi, pas ici et maintenant... murmure-t-il en se couvrant le visage dans la paume.

Je le tire par le bras et l'examine. La sueur perle sur ses tempes et ses yeux sont mi-clos. C'est à peine s'il tient debout. Malgré son anémie, il s'est battu avec l'autre abruti et s'est épuisé.

― Ça suffit, tu viens avec moi, fais-je en l'attrapant par le poignet.

― Non, lâche-moi !

Il se débat, mais j'ai plus de force que lui.

― Matthew, je t'en supplie, ne fais pas ça... !

Sa voix implorante m'incite à me retourner. Il secoue la tête en réprobation de mon attitude et jette des œillades furtives derrière lui, comme si quelqu'un l'espionnait. Il est très différent de d'habitude... Que se passe-t-il ? Il pose les mains sur mes joues et presse son front contre le mien.

― Adam disait vrai, je fuis une réalité qui me fait peur.

De quoi parle-t-il ? Il se mord la lèvre et ferme les yeux.

― C'est vrai, je suis un cinglé maniaque du contrôle qui s'autodétruit. Mais tout ce que j'ai fait jusqu'ici, c'était pour en arriver là. Si tu m'aimes, je t'en prie, je t'en supplie mon amour, fais-moi confiance. Juste une toute dernière fois, fais-le pour moi... Après ça, nous pourrons vivre en paix, toi et moi.

Je reste bouche bée. J'ai à peine le temps de réagir qu'il m'embrasse avec tendresse, ses mains en coupe autour de mon visage. J'en oublie instantanément l'objectif que j'avais en tête et réponds à son baiser dans une chaude étreinte. Comment résister à une telle promesse ? Ses mots jurent à mon cœur ce que la vie m'a toujours dérobé. 

Des claquements sonores retentissent. Nous nous braquons sur l'homme qui sort de l'ombre du presbytère en applaudissant à un rythme moqueur. Campbell ? Que fait-il ici ?

― Vous avez choisi le bon vampire pour faire fuir tous les Italiens, père William, mes félicitations ! Ah, je regrette d'avoir laissé sa chance à cet évêque arrogant.

Mes canines s'allongent. Mâchoire serrée, je maintiens William contre moi.

― Monseigneur Alessandro a au moins eu le mérite de passer lui-même à l'acte, contrairement à vous, rétorque William.

― Je ne vois qu'un vieil homme mort dans cette église, mais toujours pas votre cadavre, remarque Campbell. A la place, je suppose qu'ils vont tenter de vous coller son meurtre sur le dos pour vous enfermer.

Vont-ils vraiment oser lui mettre le meurtre de Thomas sur le dos ? Ces salauds.

― Malheureusement, vous avez des amis partout, mon père, et vous ne comptez pas vous arrêter de me pourrir la vie.

― Je le crains fort.

Il acquiesce et sort un petit bidon de sous son manteau.

― Cette église a été souillée, selon Monseigneur l'évêque, dit-il en balançant le liquide sur plusieurs bancs. Nous nous devons de la purifier.

De l'essence.

― L'Ordre et moi-même sommes au moins d'accord sur le fait de vous éliminer. Et puisque personne n'est foutu d'y arriver, je vais m'en charger.

― Je m'en sortirai toujours, vous le savez.

Je tourne la tête vers William. Sa fébrilité ne diminue pas, mais il porte à nouveau son masque froid de Stratège et reste maître de ses émotions. Lorsque je fais un pas en avant, il me barre la route à bout de bras.

― Qu'est-ce que tu fais ? Il va incendier l'église, on doit l'en empêcher.

Le bidon vide tombe au sol. Campbell sort un briquet de sa poche.

― Will, fais quelque chose !

Aucune réaction. Les flammes s'élèvent dans un rugissement. Que lui arrive-t-il ?

― William !

Il se positionne devant moi et me saisit par les épaules, le halo de feu dansant derrière lui. Une goutte de sueur roule de sa tempe à sa mâchoire. Je le fixe, confus. Il glisse une main dans ma nuque et sa bouche se referme sur la mienne.

― Aie foi en moi, mon amour... souffle-t-il contre mes lèvres. Je ne t'abandonnerai pas.

Une détonation retentit. Puis une seconde et une troisième à sa suite. La respiration de William se coupe. Mon regard dévie derrière lui, sur le pistolet que tient Campbell. L'horreur me submerge.

― William !

Il s'écroule au sol, entre mes bras. Son sang se répand sur mes paumes depuis les impacts de balles. Le cauchemar se matérialise. Pitié non, pas ça !

― William ! Non, je t'en prie !

Ses paupières tremblent, sa respiration se hache. Lorsque je lève les yeux vers l'allée, entre les bancs en feu, Campbell a déjà pris la fuite.

― J'appelle une ambulance, tiens le coup, fais-je en cherchant d'une main fébrile mon téléphone dans mon pantalon.

Il prend ma main dans une grimace de douleur et l'insère de ses faibles forces dans une poche de son manteau. J'y trouve une lettre dans une enveloppe avec un M manuscrit, signée de son écriture. Je secoue vivement la tête.

― Non, t'as pas le droit ! Tu devais pas m'abandonner ! hurlé-je dans un sanglot.

D'un geste fébrile, il presse ma main tenant la lettre contre ma poitrine. Ses doigts s'entremêlent aux miens et il articule d'un souffle inaudible :

― Aie foi... en moi...

Une larme coule de ses cils sur sa joue, puis ses yeux se referment lentement. Sa tête roule au creux de mon coude. Le choc me pétrifie. Figé sur ses paupières closes je n'entends plus le vacarme autour de moi. Le temps s'arrête en même temps que son cœur. Mon âme vient de voler en éclats.

Des voix résonnent, à peine audibles. C'est lorsque le visage de Keira apparaît sous mon nez que je reviens à moi. Le bruit ambiant est de nouveau perceptible.

― Mat !

Autour de moi, les pompiers éteignent les dernières flammes sur les bancs, freinées avant même d'avoir pu grignoter l'autel. Adam est avec elle, il est tout aussi inquiet.

― Matthew, murmure-t-il, William...

J'ouvre la bouche pour reprendre ma respiration après de longues secondes en apnée, puis contemple son visage apaisé. L'odeur de son sang, étalé sur mes mains et mes vêtements, devient un cauchemar. Mes doigts tremblants bougent d'eux-mêmes, dissociés de ma propre réalité, et vont se placer dans son cou pour tâter son pouls. La vérité m'abat une seconde fois. Violente. Implacable. Le rideau est tombé. 

Les larmes coulent à flot sur mes joues et je m'effondre sur son corps pour le serrer entre mes bras, le nez fourré dans ses cheveux. Les pompiers parlent à Keira et Adam. L'odeur du brasier tout juste éteint embaume les lieux. Un parfum atroce de mort que je rejette en inspirant celle de William à pleins poumons.

― Monsieur...

― Laissez-moi avec lui.

Je réussis à articuler ces mots à travers un sanglot douloureux. Adam s'accroupit face à moi. Ne me parlez pas, ne m'approchez pas. Disparaissez.

― Lis sa lettre, Matthew.

― Tais-toi, grondé-je entre mes dents.

― Mat'... ajoute Keira.

― Taisez-vous ! Tout le monde, barrez-vous !

Ma voix résonne en écho et impose le silence dans toute l'église. Toute discussion est close. Adam et ma sœur finissent par partir tristement sur mon ordre et je me retrouve seul au milieu des cendres, avec le corps sans vie de l'homme que j'aime.

Pourquoi ai-je le sentiment que tes derniers mots sonnaient déjà la fin ? Pourquoi m'as-tu juré que nous vivrions heureux alors que tu me disais adieu ? William, pourquoi...


À ceux qui me détestent, il reste encore 4 chapitres. Je répète, 4 chapitres. 👀

Et le suivant est le plus important ⚠️

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2 Comments

21 days
Heu.......Ça m'a coupé dans mon élan,.....
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21 days
Je comprends haha mais je t'assure qu'il faut continuer 😉 sans spoiler 🫢
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